La recherche géologique prend de l’altitude
7 heures 30 à l’aérodrome de Magenta. L’hélicoptère reçoit l’autorisation de décoller, il quitte le sol, prend de l’altitude, puis la boucle qu’il transporte, reliée à l’appareil par un solide filin d’acier, s’élève à son tour dans le ciel, à la perpendiculaire de l’engin. Il fait cap sur la région du Mont-Dore et de Yaté, la première concernée par la campagne de reconnaissance géologique des massifs. Arrivé au-dessus du site, loin de toute habitation, l’hélicoptère trace des lignes droites parallèles les unes aux autres. Il avance à une vitesse régulière de 70 km/h, à environ 70 mètres du sol. Pendant son déplacement, la boucle envoie tous les 30 mètres un signal de faible intensité, sous forme d'ondes, et enregistre en retour, grâce à un récepteur, les caractéristiques physiques de la roche.
Une méthode éprouvée
« Cette technique a été testée en Calédonie en 2015 lors d’un essai concluant, explique Tanguy Giband, du service mines et carrières de la DIMENC*. Elle est aussi utilisée en Australie et de nombreux territoires d’outre-mer l’ont mise en œuvre : La Réunion en 2014, la Guadeloupe et la Martinique en 2013, etc. » Pourquoi un tel succès ? « Parce qu’elle est neutre pour l’environnement et les populations, rapide, précise et peu coûteuse », répond la DIMENC qui a préconisé cette méthode lors de l’adoption de la loi du pays du 10 janvier dernier (lire l’encadré).
« Le sondage par électromagnétisme héliporté permet de répertorier les zones de roches dures et celles de nature terreuse (roche altérée), poursuit Tanguy Giband. C’est cette deuxième catégorie qui nous intéresse car les poches altérées peuvent renfermer du minerai et de l’eau et, selon leur localisation, être sujettes aux éboulements ou aux glissements de terrain. »
Des connaissances essentielles pour le pays
Du Sud au Nord de la Grande Terre, 23 communes réparties sur six zones d’intervention seront survolées en journée, du lundi au samedi, jusqu’au mois de janvier 2020 (sous réserve d’intempéries). Les données seront collectées et traitées par le BRGM puis remises aux mineurs – qui financent la campagne – dans un délai d’environ six mois. Dès lors, les opérateurs miniers lanceront, sous trois ans, des travaux de sondage dans les réservoirs potentiels identifiés afin de préciser la teneur en nickel et la qualité du minerai. Ils seront aussi tenus de communiquer à la DIMENC les données reçues du BRGM. « Ces données d’exploration confidentielles seront tenues au secret dans nos murs, explique l’agent de la DIMENC. Elles constitueront une base de connaissances sur laquelle il sera possible de se fonder pour aménager l’espace et organiser son développement. » Cet inventaire est donc une étape essentielle pour le pays, pour son avenir et surtout pour ses générations futures.
* Direction de l’Industrie, des mines et de l’énergie.
Adopté en 2009, le Code minier calédonien laissait dix ans aux opérateurs pour reconnaître la surface de leurs concessions, sous peine de déchéance. De 2009 à 2016 plus de 15 500 sondages ont été réalisés pour un montant total de 17 milliards de francs. Mais en 2015, la crise du secteur minier n’a pas permis aux opérateurs de continuer à financer ces travaux de prospection.
Dès 2016, le gouvernement est venu en aide à l'activité minière et métallurgique en lançant un plan de soutien et proposait notamment d’assouplir cette règle des dix ans en la prolongeant de cinq années supplémentaires. Ce projet de loi a été adopté le 10 janvier 2019, validant la prorogation tout en clarifiant les attentes et le droit. L’obligation de connaissance a ainsi été renvoyée en 2024, avec des conditions nouvelles : l’instauration d’un délai de deux ans pour permettre aux opérateurs de procéder à une reconnaissance à l’aide d’un dispositif de sondage par électromagnétisme héliporté ; et l’obligation, pour ces mêmes opérateurs, de réaliser sous un délai de trois ans des travaux de sondage sur les amas les plus intéressants.
Spots radio et télé, affichage dans les communes, film d’animation, flyers, page Facebook, etc. Plusieurs outils de communication ont été développés à destination des habitants des communes concernées.
Un numéro vert (05 00 09) est également disponible et des permanences (tenues par la DIMENC et des représentants des mineurs) sont organisées dans les mairies.
À noter qu’en amont de l’opération, la DIMENC est allée à la rencontre du Sénat coutumier et des aires coutumières concernées afin de leur présenter le déroulement de la campagne de reconnaissance.
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